Uma Pedra no Bolso

Uma Pedra no Bolso

Joaquim Pinto, Portugal, 1987

Commentaire

Dans un manège, le soir, à une fête foraine, la caméra est embarquée dans une nacelle placée juste devant celle des personnages, dont nous partageons, sans les éprouver nous-mêmes, les sensations fortes propres aux attractions foraines. La sensation de vertige s’apparente ici à l’ivresse . Au premier plan, les visages hilares du jeune garçon et de ses compagnons successifs s’agrippent à la barrière de la nacelle, ils se détachent nettement dans le cadre, tandis qu’à l’arrière-plan, la vitesse déforme les objets, casse la perspective La succession des plans et le montage rapide provoque un effet stroboscopique chez le spectateur. Dans la 2e partie de l’extrait, la perspective est renversée, les personnages débordent du cadre, les flashes de lumières et de couleurs vives créent des images abstraites. Le réalisateur a ajouté une musique entraînante, presque enfantine qui unifie la séquence, et accompagne l’ellipse temporelle qui raccourcit en quelques secondes la virée, un soir d’été, en fête foraine. Tout comme les comédiens, dont la joie et le plaisir ne sont pas joués, mais bel et bien éprouvés en réalité, le spectateur est embarqué, par contagion, dans un tourbillon chaotique et lumineux, qui gagne l’enfant et les adultes, ramenés à la même place par cette expérience. A la fin de l’extrait, la caméra tremblée qui filme les feux d’artifice évoque la respiration de celui qui, descendu du manège et retrouvant le sol, cherche son équilibre, en reprenant son souffle.