Peau d'âne

Jacques Demy, France, 1970, Ciné Tamaris

Commentaire

Le jeune Prince, rêvant d’amour dans les bois où vit Peau d’âne, doit traverser le péage d’un sous-bois touffu où il fait une étrange rencontre, celle de la « rose qui parle » et qui lui confirme qu’il est sur le bon chemin dans sa quête. Il arrive alors devant la cabane scintillante où un mur invisible l’oblige à respecter une distance infranchissable envers son objet d’amour.

Il monte à une échelle pour voir enfin, à travers une petite fenêtre sur le toit, Peau d’âne, en habits de princesse. La vision à distance, ici, n’a rien d’un voyeurisme sexuel : c’est la condition de la première rencontre avec la femme qu’il va aimer. Cette distance est celle de l’attente différée et enchantée d’un grand amour romantique. Dans le petit miroir où elle se regarde elle-même, Peau d’âne le voit dans l’encadrement de sa lucarne, mais lui n’en sait rien.

Quand il s’éloigne de la cabane, Peau d’âne l’observe à nouveau à travers un carreau cassé. Il y a donc réciprocité mais non synchronisme : il n’y a pas eu d’échange direct des regards. L’un voit l’autre qui ne le voit pas, puis l’autre voit l’un qui ne le voit pas.

Quand il se retourne, elle esquive le regard en se cachant. Mais le spectateur n’est pas sûr qu’il ne l’a pas vue.