Les Hommes le dimanche

Menschen am Sonntag

Robert Siodmak et Edgar Ulmer, Allemagne, 1929

Commentaire

Cette séquence de début nous offre un portrait de la ville de Berlin à travers une série de plans descriptifs et documentaires : la caméra « attrape » des moments du quotidien des habitants : balade à moto, passants se pressant sur le trottoir, terrasses des cafés, tramway aérien : parfois très mobile, elle semble balayer la ville au hasard avant d’élire deux personnages au cœur de la foule : un homme et une femme, qu’elle va progressivement isoler, par les deux seuls plans rapprochés de la séquence. Ensuite, si l’enjeu fictionnel lié à la rencontre est là pour le spectateur, le réel reste très présent, grâce au choix de la longue focale : le manège de la drague urbaine (hésitations, échanges de regard), échappe parfois au regard du spectateur, masqué par le passage des bus ou des autos. Les habitants de la ville, ignorant la présence de la caméra, semblent indifférents à cette scène de séduction, pris dans le mouvement de leurs occupations : traverser la rue, pousser une charrette de livraison, courir pour attraper le bus… Filmées dans les années 20, ces scènes urbaines au montage très dynamique et rythmé, sont aussi pour le spectateur d’aujourd’hui le témoignage d’une réalité rétrospectivement émouvante : la vie d’une ville active, en pleine expansion économique, insouciante, saisie ici dans un moment suspendu, juste avant le basculement dans la crise économique…