Les 11 Fioretti de François d'Assise

Francesco, giullare di Dio

Roberto Rossellini, Italie, 1950, Carlotta films

Commentaire

Rossellini a fait le choix de centrer son film sur frère Ginepro plutôt que sur le personnage qui est le sujet même du film et lui donne son nom, Saint François. Il nous montre donc indirectement la vie de Saint François à travers un des frères qui l’entourent.

 

Dans cette scène, on ne voit d’ailleurs jamais Saint François, et le personnage principal en est justement Ginepro. Pour faire plaisir à un frère malade qui en a formulé le désir, il part à la recherche d’un pied de cochon pour son repas. Il rencontre un troupeau et coupe au couteau le pied d’un des cochons en lui expliquant gentiment que c’est pour une bonne action et que c’est une occasion pour lui de faire le bien et de réconforter le pauvre moine malade.

 

Rossellini n’a évidemment aucune envie de montrer Ginepro en train de couper réellement le pied d’un cochon vivant, ce qui aurait été insupportable au spectateur et fait de Ginepro est un homme cruel. Il va donc évoquer cet acte en soulignant avec humour l’artifice du procédé du masquage qu’il utilise. La scène est presque un gag. Il nous montre Ginepro s’enfoncer dans un fourré à la poursuite du cochon. Le buisson se referme sur lui et fait donc écran à notre regard. Le cinéaste nous laisse alors imaginer, par la seule bande-son (les grognements du cochon) l’action qui est censée avoir lieu. Le buisson est agité de mouvements supposés être ceux de la bagarre entre Ginepro et le cochon, comme dans un théâtre de Guignol. Puis Ginepro ressort du buisson avec le fameux pied de cochon à la main, sans doute acheté dans une boucherie par un assistant.