L'Intervallo

Leonardo di Costanzo, Italie, 2012

Commentaire

Cette séquence de jeu contraste avec le reste du film où la situation est beaucoup plus grave et dangereuse. Ils ne sont pas là pour jouer : Salvatore a été réquisitionné par la Mafia de Naples pour surveiller Veronica, une jeune fille rebelle, dans un ancien asile psychiatrique désaffecté dont elle ne doit pas sortir. À ce moment-là de leur journée d’enfermement contraint, ils découvrent dans les sous-sols de l’immeuble un canot flottant sur un plan d’eau. C’est pour eux l’occasion d’échapper un moment à l’angoisse de leur situation de « prisonniers » et à aux relations tendues qu’ils ont eues jusque-là. Ils redeviennent pour un temps des enfants qui jouent avec insouciance et gaieté. C’est d’abord Veronica qui lance le jeu, mais Salvatore est légèrement réticent car il n’aime pas les jeux de compétition. Leurs imaginaires de jeu sont visiblement différents et dépendent de leurs programmes télévisés favoris. Elle connaît tous les codes des émissions de télé-réalité type « île déserte », situation qui est proche de la leur en ce moment dans le grand bâtiment dont ils ne peuvent sortir. Elle joue alternativement l’intervieweuse et l’interviewée, avec une grande aisance. Lui est un familier des émissions sur la vie des animaux et utilise le décor pour évoquer un paysage africain sauvage. Le jeu leur permet de communiquer plus aisément, indirectement, que dans le reste du film où la situation surveillant-surveillé leur interdit de se livrer l’un à l’autre. Elle n’aurait pas pu lui dire sans cette parenthèse ludique son affection comme elle le fait en souhaitant qu’il réussisse dans la vie grâce à son métier de vendeur de glace ambulant.