Zéro de conduite

Jean Vigo, France, 1933

Commentaire

Dans cette séquence, les internes du collège se révoltent contre l’autorité incarnée par les adultes caricaturaux de cette triste institution.

Tout se passe comme si le tourbillon de la révolte enfantine affectait la représentation elle-même, aussi bien celle de l’espace que celle du temps. Au début de la scène, dans les plans larges et en plongée du dortoir domine encore la géométrie rigide et répressive de l’internat. Puis, peu à peu, les repères géométriques s’effacent et l’univers perd ses repères stables : les enfants créent un tourbillon de mouvements permanents. Pour finir la scène, Vigo choisit le ralenti pour transformer lors de la procession mimée la grise réalité en un monde irréel et cotonneux. Le morceau d’univers filmé devient une sorte d’aquarium où les enfants et les plumes des polochons sont comme en suspension, échappant à la gravité et à la perspective. La musique accompagne cette sortie du réalisme et contribue à créer un univers à part, onirique, celui de la libération ludique des lois et des règles qui régissent cet univers répressif du collège. La révolte est un jeu joyeux qui contamine le film lui-même et emporte la jubilation du spectateur…